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INSECTICIDES POSTRÉCOLTE > Du grain à moudre

Plusieurs enquêtes ont permis au RMT Quasaprove de faire un bilan de la lutte contre les insectes dans les silos, mais aussi dans les moulins, où les solutions ne sont pas nombreuses.

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Le 6 juin se sont tenues les 4e Rencontres du RMT Quasaprove, autour de la prévention des risques d'infestation des moulins par les insectes et des stratégies actuelles de désinsectisation. L'occasion de présenter les résultats d'une enquête menée à l'été 2010 par FranceAgriMer en collaboration avec l'Inra et l'ANMF. Parmi les préoccupations des moulins, la présence de contaminants arrive en première position, suivie par celle d'animaux vivants dont les insectes. Environ 40 à 50 % des établissements déclarent une ventilation pour maîtriser la température, mais en grande majorité des ventilations naturelles. Côté étanchéité, 70 % ne peuvent pas réaliser de fumigation dans la zone de stockage des blés, 51 % dans le moulin et 60 % dans la zone de stockage des farines en vrac. Les traitements insecticides les plus appliqués dans les locaux vides sont à base de pyrèthres. Les produits de fumigation sont peu utilisés (fluorure de sulfuryle pour le moulin et phosphine pour le silo à blé) et seulement 7 % des établissements appliquent des traitements chimiques sur grains (pyrimiphos-méthyl, deltaméthrine, phosphine). Autre enquête dévoilée : le second volet d'EcoprotectGrains , étude menée par FranceAgriMer et débutée en 2010.

Plus d'insectes relevés en 2011

Première constatation : la fréquence des échantillons avec insectes a été plus élevée en 2011 qu'en 2010 (40 % au lieu de 27 %), et le charançon du riz reste l'espèce la plus rencontrée. En terme de résidus, aucun dépassement de LMR n'a été constaté en 2011 (comme en 2010). Le traitement des locaux concerne 52 % des situations enquêtées, et celui des grains 47 %. Le volet 2011 confirme que le stockage à plat et l'absence de silothermométrie fixe sont des situations à risque. Concernant les cellules vides, comme l'explique Marie-Pierre Leblanc de FranceAgriMer , « il a été constaté que d'une part leur nettoyage et traitement contribuent à réduire les infestations, d'autre part, le traitement ne génère pas de risque d'accumulation des résidus d'insecticides, du moins dans le cas précis de cette étude ». Enfin, en cas d'absence de nettoyage complet des cellules leur traitement insecticide est recommandé.

Des alternatives insecticides limitées

Lutter contre les insectes dans les moulins, oui, mais comment ? Le nombre de solutions disponible est loin d'être illimité, seules quatre matières actives sont autorisées dans les locaux : chlorpyriphos-méthyl, cyperméthrine, pyréthrines naturelles et deltaméthrine. La révision décennale de l'approbation de cette dernière devant avoir lieu en 2013, peu après la révision de la LMR au niveau européen. Les perspectives pour les insecticides de contact sont limitées : côté produit, des poudres desséchantes existent, mais pas encore homologuées en France, et côté application, « la nébulisation avec des pyréthrines pourrait être améliorée en y associant un pulseur puissant, le CO2, sans compter qu'il ne faut pas négliger la pulvérisation », rappelle Patrick Ducom, expert indépendant. Au silo, Dow devrait lancer un produit à base de spinosad. « Le dossier n'est pas encore déposé, mais nous y travaillons », note Stanislas Buckley, responsable homologation. Il existe aussi pour la désinsectisation des locaux des systèmes basés sur la chaleur, comme Thermonox, mis en oeuvre par Agronet. Quant à la fumigation dans les moulins, « réalisée avec du fluorure de sulfuryle, des pistes existent : le cyanure d'hydrogène, homologué en France jusqu'à la fin des années 80, la phosphine à faible dose, avec chauffage et CO2, ou encore le dicyanure, prometteur, mais encore au stade de la recherche », poursuit Patrick Ducom . « Il est essentiel de les utiliser de façon complémentaire », conclut Francis Fleurat-Lessard.

Marion Coisne

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